L’architecture bolivienne durant l’époque précolombienne

L’architecture bolivienne fut influencée par différents styles, dont le style architectural précolombien provenant des Aymaras et des Incas.

L’œuvre architecturale des Aymaras est notable, comme en témoignent notamment les nombreuses constructions de grands monuments funéraires appelées chullpas. En adobe ou en pierre, ces tours possédaient des étages circulaires ou carrés, et un toit, réalisé avec la technique de la voûte avancée. Les plus notables de ces monuments se trouvent dans les régions de Pacajes (La Paz) et de Carangas (Oruro).

Dans cette dernière zone, au pied du volcan Sajama et au bord du río Lauca, on peut apercevoir des chullpas d’adobe décorées avec de la peinture polychrome de couleurs noir, rouge, blanc et vert. Les Carangas utilisèrent des motifs décoratifs avec des lignes et figures géométriques.

On note également des céramiques encastrées dans les murs d’adobe, faites de formes et tailles différentes. À Sillustani, près de Puno au Pérou, une région occupée par les Collas, des chullpas circulaires en pierre et à étage furent édifiées. Selon certains archéologues péruviens, ils auraient servis non seulement de monuments funéraires mais aussi de dépôts.

Autres œuvres notables, dans certains lieux stratégiques les aymaras élevèrent des forteresses avec des murs de pierre et d’argile. Ces constructions avaient pour objectifs de défendre la communauté de l’attaque d’autres peuples et seigneuries. Les plus importantes d’entre elles furent celles de Tiquina et Escoma à La Paz.

Les Incas ont lors de leur apogée bâti un patrimoine impressionnant tout le long des Andes. Les caractéristiques principales de leur architecture étaient la précision, la taille et la solidité des pierres utilisées ; la recherche consciencieuse d’une symétrie parfaite et le souci de l’harmonie esthétique avec le paysage naturel. Par ailleurs, ils utilisèrent une décoration relativement sobre et simple, à la différence des architectures d’autres peuples andins comme les Chimú du Pérou, aux ornements chargés.

Le matériau principal utilisé par les Incas était la pierre, qu’ils taillaient et assemblaient pour ériger des murs imposants aux allures de mosaïque. Les blocs de pierre utilisés pour construire ces murs sont si colossaux que la technique utilisée reste aujourd’hui un mystère. En effet, les Incas n’utilisaient pas la force animale pour la traction des objets lourds, et la roue n’était pas non plus utilisée par les civilisations précolombiennes d’Amérique du sud.

En Bolivie, les constructions incas sont particulièrement présentes autour du lac Titicaca. Il semble que le village inca typique s’organisait en deux parties distinctes et en constante interaction : le centre de culte et la partie administrative avec les habitations. Cette organisation est notamment illustrée sur le site archéologique du fort de Samaipata, dans la province de Santa Cruz.

De la même manière, on note sur le territoire bolivien d’imposantes constructions cérémonielles, particulièrement près de Copacabana, au bord du lac Titicaca. Il existe notamment d’importants édifices sur l’île du Soleil, dont la fonction n’a pas encore pu être réellement établie. D’autre part, sur l’île de la Lune fut construit un acllahuasi, lieu de recueillement dédié au culte du soleil. Ce fut le plus important de l’empire inca après celui de Cusco.

Afin de contenir les attaques d’autres tribus, des citadelles militaires furent également construites, comme Incallajta et Incarracay près de Cochabamba. La forteresse de Sacambaya (Inquisivi, La Paz) en est un autre exemple. Ces citadelles ou forteresses pouvaient être de dimensions énormes : la kallamka de Incallajta fait 70 m de long, et les habitations en font près de 40, toutes protégées par une muraille.